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Elle rentrera dans les sciences et y rapportera la douceur et l’humanité, comme un sourire de la nature.

L’Anti-Nature pâlit, et le jour n’est pas loin où son heureuse éclipse fera pour le monde une aurore.

Les dieux passent, et non Dieu. Au contraire, plus ils passent, et plus il apparaît. Il est comme un phare à éclipse, mais qui à chaque fois revient plus lumineux.

C’est un grand signe de le voir en pleine discussion, et dans les journaux même. On commence à sentir que toutes les questions tiennent à la question fondamentale et souveraine (l’éducation, l’état, l’enfant, la femme). Tel est Dieu, tel le monde.

Cela dit que les temps sont mûrs.

Elle est si près, cette aube religieuse, qu’à chaque instant je croyais la voir poindre dans le désert ou j’ai fini ce livre.

Qu’il était lumineux, âpre et beau mon désert ! J’avais mon nid posé sur un roc de la grande rade de Toulon, dans une humble villa, entre les aloès et les cyprès, les cactus, les roses sauvages. Devant moi ce bassin immense de mer étincelante ; derrière, le chauve amphithéâtre où s’assoiraient à l’aise les États-généraux du monde.

Ce lieu, tout africain, a des éclairs d’acier, qui, le jour, éblouissent. Mais aux matins d’hiver, en décembre surtout, c’était plein d’un mystère divin. Je me levais juste à six heures, quand le coup de canon de l’Arsenal donne le signal du travail. De six à sept, j’avais un moment admirable. La scintillation