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XII

LE PROCÈS DE LA CADIÈRE (1730-1731)


On peut juger ce que fut ce coup épouvantable pour la famille Cadière. Les attaques de la malade devinrent fréquentes et terribles. Chose cruelle, ce fut comme une épidémie chez ses intimes amies. Sa voisine, la dame Allemand, qui avait aussi des extases, mais qui jusque-là les croyait de Dieu, tomba en effroi et sentit l’Enfer. Cette bonne dame (de cinquante ans) se souvint qu’en effet elle avait eu souvent des pensées impures ; elle se crut livrée au Diable, ne vit que diables chez elle, et, quoique gardée par sa fille, elle se sauva du logis, demanda asile aux Cadière. La maison devint dès lors inhabitable, le commerce impossible ; l’aîné Cadière, furieux, invectivait contre Girard, criait : « Ce sera Gauffridi… Lui aussi, il sera brûlé ! » Et le jacobin ajoutait : « Nous y mangerions plutôt tout le bien de la famille. »

Dans la nuit du 17 au 18 novembre, la Cadière