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la Cadière, mais seulement à la chapelle, où il la confessa.

Celle-ci fut blessée sans doute de ce peu d’empressement. Et en effet cette conduite était étrange, d’extrême inconséquence. Il la troublait par des lettres légères, galantes, de petites menaces badines qu’on aurait pu dire amoureuses (Dépos. Lescot, et p. 335). et puis il ne daignait la voir autrement qu’en public.

Dans un billet du soir même, elle s’en venge assez finement, en lui disant qu’au moment où il lui a donné l’absolution, elle s’est sentie merveilleusement détachée et d’elle-même et de toute créature.

C’est ce qu’aurait voulu Girard. Ses trames étaient fort embrouillées, et la Cadière était de trop. Il fut ravi de sa lettre, bien loin d’en être piqué, lui prêcha le détachement. Il insinuait en même temps combien il avait besoin de prudence. Il avait reçu, disait-il, une lettre où on l’avertissait sévèrement de ses fautes. Cependant, comme il partait le jeudi 6 pour Marseille, il la verrait en passant (p. 329, 4 juillet 1730).

Elle attendit. Point de Girard. Son agitation fut extrême. Le flux monta ; ce fut comme une mer, une tempête. Elle le dit à sa chère Raimbaud, qui ne voulut pas la quitter, coucha avec elle (p. 73) contre les règlements, sauf à dire qu’elle y était venue le matin. C’était la nuit du 6 juillet, de chaleur concentrée, pesante, en ce four étroit d’Ollioules. À quatre ou cinq heures, la voyant se débattre dans de vives souffrances, elle « crut qu’elle avait des coliques, chercha du feu à la cuisine ». Pendant son