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Des trois directeurs successifs du couvent de Louviers, en trente ans, le premier, David, est illuminé et molinosiste (avant Molinos) ; le second, Picart, agit par le Diable et comme sorcier ; le troisième, Boulé, sous la figure d’ange.

Voici le livre capital sur cette affaire :

Histoire de Magdelaine Bavent, religieuse de Louviers, avec son interrogatoire, etc., 1652, in-quarto, Rouen[1]. — La date de ce livre explique la parfaite liberté avec laquelle il fut écrit. Pendant la Fronde, un prêtre courageux, un oratorien, ayant trouvé aux prisons de Rouen cette religieuse, osa écrire sous sa dictée l’histoire de sa vie.

Madeleine, née à Rouen en 1607, fut orpheline à neuf ans. À douze, on la mit en apprentissage chez une lingère. Le confesseur de la maison, un franciscain, y était le maître absolu ; cette lingère, faisant des vêtements de religieuses, dépendait de l’Église. Le moine faisait croire aux apprenties (enivrées sans doute par la belladone et autres breuvages

    n’en sortit pas vivant. Chez les nôtres, le directeur entrait et devait entrer tous les jours. Elles croyaient communément qu’un saint ne peut que sanctifier, et qu’un être pur purifie. Le peuple les appelait en riant les sanctifiées (L’Estoile). Cette croyance était fort sérieuse dans les cloîtres. (Voy. le capucin Esprit de Bosroger, ch. xi, p. 156.)

  1. Je ne connais aucun livre plus important, plus terrible, plus digne d’être réimprimé (Bibl. nat., Z, ancien 1016). C’est l’histoire la plus forte en ce genre. — La Piété affligée, du capucin Esprit de Bosroger, est un livre immortel dans les annales de la bêtise humaine. J’en ai tiré, au chapitre précédent, des choses surprenantes qui pouvaient le faire brûler ; mais je me suis gardé de copier les libertés amoureuses que l’ange Gabriel y prend avec la Vierge, ses baisers de colombe, etc. — Les deux admirables pamphlets du vaillant chirurgien Yvelin sont à la Bibliothèque de Sainte-Geneviève. L’Examen et l’Apologie se trouvent dans un volume relié et mal intitulé : Éloges de Richelieu (Lettre X, 550). L’Apologie s’y trouve en double au volume Z, 899.