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VIII

POSSEDEES DE LOUVIERS. — MADELEINE BAVENT (1633-1647).


Si Richelieu n’eût refusé l’enquête que demandait le Père Joseph contre les directeurs illuminés, on aurait d’étranges lumières sur l’intérieur des cloîtres, la vie des religieuses. Au défaut, l’histoire de Louviers, beaucoup plus instructive que celles d’Aix et de Loudun, nous montre que le directeur, quoiqu’il eût dans l’illuminisme un nouveau moyen de corruption, n’en employait pas moins les vieilles fraudes de sorcellerie, d’apparitions diaboliques, angéliques, etc.[1].

  1. Il était trop facile de tromper celles qui désiraient l’être. Le célibat était alors plus difficile qu’au Moyen-âge, les jeûnes, les saignées monastiques ayant diminué. Beaucoup mouraient de cette vie cruellement inactive et de pléthore nerveuse. Elles ne cachaient guère leur martyre, le disaient à leurs sœurs, à leur confesseur, à la Vierge. Chose touchante, bien plus que ridicule, et digne de pitié. On lit dans un registre d’une inquisition d’Italie cet aveu d’une religieuse ; elle disait innocemment à la Madone : « De grâce, Sainte Vierge, donnez-moi quelqu’un avec qui je puisse pécher » (dans Lasleyrie, Confession, p. 205). Embarras réel pour le directeur, qui, quel que fût son âge, était en péril. On sait l’histoire d’un certain couvent russe : un homme qui y entra