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la chose. Elle ne pouvait guère être cachée, étant si étendue. Les capucins juraient qu’en la Picardie seule (pays où les filles sont faibles et le sang plus chaud qu’au Midi) cette folie de l’amour mystique avait soixante mille professeurs. Tout le clergé en était-il ? tous les confesseurs, directeurs ? Il faut sans doute entendre qu’aux directeurs officiels nombre de laïques s’adjoignirent, brûlant du même zèle pour le salut des âmes féminines. Un de ceux-ci qui éclata plus tard avec talent, audace, est l’auteur des Délices spirituelles, Desmarets de Saint-Sorlin.


On ne peut comprendre la toute-puissance du directeur sur les religieuses, cent fois plus maître alors qu’il ne le fut dans les temps antérieurs, si l’on ne se rappelle les circonstances nouvelles.

La réforme du concile de Trente pour la clôture des monastères, fort peu suivie sous Henri IV, où les religieuses recevaient le beau monde, donnaient des bals, dansaient, etc., cette réforme commença sérieusement sous Louis XIII. Le cardinal de la Rochefoucauld, ou plutôt les Jésuites qui le menaient, exigèrent une grande décence extérieure. Est-ce à dire que l’on n’entrât plus aux couvents ? Un seul homme y entrait chaque jour, et non seulement dans la maison, mais à volonté dans chaque cellule (on le voit dans plusieurs affaires, surtout par David, à Louviers). Cette réforme, cette clôture, ferma la porte au