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VII

LES POSSÉDÉES DE LOUDUN. — URBAIN GRANDIER (1632-1634)


Dans les Mémoires d’État qu’avait écrits le fameux père Joseph, qu’on ne connaît que par extraits, et que l’on a sans doute prudemment supprimés comme trop instructifs, ce bon père expliquait qu’en 1633 il avait eu le bonheur de découvrir une hérésie, une hérésie immense, où trempaient un nombre infini de confesseurs et de directeurs.

Les capucins, légion admirable des gardiens de l’Église, bons chiens du saint troupeau, avaient flairé, surpris non pas dans les déserts, mais en pleine France, au centre, à Chartres, en Picardie, partout, un terrible gibier, les alumbrados de l’Espagne (illuminés ou quiétistes), qui, trop persécutés là-bas, s’étaient réfugiés chez nous, et qui, dans le monde des femmes, surtout dans les couvents, glissaient le doux poison qu’on appela plus tard du nom de Molinos.

La merveille, c’était qu’on n’eût pas su plus tôt