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poussé à la mort : « Grand Dieu, je vous offre tous les sacrifices qui ont été offerts depuis l’origine du monde et le seront jusqu’à la fin… le tout pour Louis !… Je vous offre tous les pleurs des saints, toutes les extases des anges… le tout pour Louis ! Je voudrais qu’il y eût plus d’âmes encore pour que l’oblation fût plus grande… le tout pour Louis ! Pater de cœlis Deus, miserere Ludovici ! Fili redemptor mundi Deus, miserere Ludovici !… » etc.

Vaine pitié ! funeste d’ailleurs !… Ce qu’elle eût voulu, c’était que l’accusé ne s’endurcît pas, qu’il s’avouât coupable. Auquel cas il était sûr d’être brûlé, dans notre jurisprudence.

Elle-même, du reste, était finie, elle ne pouvait plus rien. L’inquisiteur Michaëlis, humilié de n’avoir vaincu que par elle, irrité contre son exorciste flamand, qui s’était tellement subordonné à elle et avait laissé voir à tous les secrets ressorts de la tragédie, Michaëlis venait justement pour briser Louise, sauver Madeleine et la lui substituer, s’il se pouvait, dans ce drame populaire. Ceci n’était pas maladroit et témoigne d’une certaine entente de la scène. L’hiver et l’Avent avaient été remplis par la terrible sibylle, la bacchante furieuse. Dans une saison plus douce, dans un printemps de Provence, au Carême, aurait figuré un personnage plus touchant, un démon tout féminin dans une enfant malade et dans une blonde timide. La petite demoiselle appartenant à une famille distinguée, la noblesse s’y intéressait, et le Parlement de Provence.

Michaëlis, loin d’écouter son Flamand, l’homme de Louise, lorsqu’il voulut entrer au petit conseil des