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hasard ; je parle d’un torrent de noirs, d’indomptables cheveux. Peut-être, par-dessus, la couronne de verveine, le lierre des tombes, les violettes de la mort.

Elle fait renvoyer les enfants (jusqu’au repas). Le service commence.

« J’y entrerai à cet autel… mais, Seigneur, sauve-moi du perfide et du violent (du prêtre, du seigneur). »

Puis vient le reniement à Jésus, l’hommage au nouveau maître, le baiser féodal, comme aux réceptions du Temple, où l’on donne tout sans réserve, pudeur, dignité, volonté, — avec cette aggravation outrageante au reniement de l’ancien Dieu, « qu’on aime mieux le dos de Satan[1]. »

À lui de sacrer sa prêtresse. Le dieu de bois l’accueille comme autrefois Pan et Priape. Conformément à la forme païenne, elle se donne à lui, siège un moment sur lui, comme la Delphica au trépied d’Apollon. Elle en reçoit le souffle, l’âme, la vie, la fécondation simulée. Puis, non moins solennellement, elle se purifie. Dès lors, elle est l’autel vivant.


L’Introït est fini, et le service interrompu pour le banquet. Au rebours du festin des nobles qui siègent tous l’épée au côté, ici, dans le festin des frères, pas d’armes, pas même de couteau.

Pour gardien de la paix, chacun a une femme. Sans femme on ne peut être admis. Parente ou non,

  1. On lui suspendait au bas du dos un masque ou second visage. Lancre, Inconstance, p. 68.