III
LE PETIT DÉMON DU FOYER
Les premiers siècles du Moyen-âge où se créèrent les légendes ont le caractère d’un rêve. Chez les populations rurales, toutes soumises à l’Église, d’un doux esprit (ces légendes en témoignent), on supposerait volontiers une grande innocence. C’est, ce semble, le temps du bon Dieu. Cependant les Pénitentiaires, où l’on indique les péchés les plus ordinaires, mentionnent les souillures étranges, rares sous le règne de Satan.
C’était l’effet de deux choses, de la parfaite ignorance, et de l’habitation commune qui mêlait les proches parents. Il semble qu’ils avaient à peine connaissance de notre morale. La leur, malgré les défenses, semblait celle des patriarches, de la haute Antiquité, qui regarde comme libertinage le mariage avec l’étrangère, et ne permet que la parente. Les familles alliées n’en faisaient qu’une. N’osant encore disperser leurs demeures dans les déserts qui les