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Ouvrez mon noir cachot, élevez un bûcher, et que l’amante ait le repos des flammes. Jaillisse l’étincelle et rougisse la cendre ! Nous irons à nos anciens dieux. »

    épouse, il faut un exorcisme. — Même histoire dans les fabliaux, mais appliquée sottement à la Vierge. — Luther reprend l’histoire antique, si ma mémoire ne me trompe, dans ses Propos de table, mais fort grossièrement, en faisant sentir le cadavre. — L’Espagnol Del Rio la transporte de Grèce en Brabant. La fiancée meurt peu avant ses noces. On sonne les cloches des morts. Le fiancé désespéré errait dans la campagne. Il entend une plainte. C’est elle-même qui erre sur la bruyère… « Ne vois-tu pas, dit-elle, celui qui me conduit ? — Non. » Mais il la saisit, l’enlève, la porte chez lui. Là, l’histoire risquait fort de devenir trop tendre et trop touchante. Ce dur inquisiteur, Del Rio, en coupe le fil. « Le voile levé, dit-il, on trouva une bûche vêtue de la peau d’un cadavre. » — Le juge le Loyer, quoique si peu sensible, nous restitue pourtant l’histoire primitive.

    Après lui, c’est fait de tous ces tristes narrateurs. L’histoire est inutile. Car notre temps commence, et la Fiancée a vaincu. La Nature enterrée revient, non plus furtivement, mais maîtresse de la maison.