Page:Michelet - OC, Légendes démocratiques du Nord, La Sorcière.djvu/330

Cette page a été validée par deux contributeurs.

De cette énormité, deux choses dérivent, et en justice et en logique. Le juge est toujours sûr de son affaire ; celui qu’on lui amène est coupable certainement, et, s’il se défend, encore plus. La justice n’a pas à suer fort, à se casser la tête, pour distinguer le vrai du faux. En tout, on part d’un parti pris. Le logicien, le scolastique n’a que faire d’analyser l’âme, et de se rendre compte des nuances par où elle passe, de sa complexité, de ses oppositions intérieures et de ses combats. Il n’a pas besoin, comme nous de s’expliquer comment cette âme, de degré en degré, peut devenir vicieuse. Ces finesses, ces tâtonnements, s’il pouvait les comprendre, oh ! comme il en rirait, hocherait la tête ! et qu’avec grâce alors oscilleraient les superbes oreilles dont son crâne vide est orné !

Quand il s’agit surtout du Pacte diabolique, du traité effroyable où pour un petit gain d’un jour, l’âme se vend aux tortures éternelles, nous chercherions nous autres à retrouver la voie maudite, l’épouvantable échelle de malheurs et de crimes qui l’auront fait descendre là. Notre homme a bien affaire de tout cela ! Pour lui l’âme et le Diable étaient nés l’un pour l’autre, si bien qu’à la première tentation, pour un caprice, une envie, une idée qui passe, du premier coup l’âme se jette à cette horrible extrémité.


Je ne vois pas non plus que nos modernes se soient enquis beaucoup de la chronologie morale de la sorcellerie. Ils s’attachent trop aux rapports du moyen