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III
La Révolution Valaque en 1848


C’était le 18 juin 1848. Mme Rosetti était dans les douleurs d’un premier enfantement. Son mari, au pied de son lit, attendait, plein d’anxiété, d’impatience ; il regardait sa montre. Sa femme savait pourquoi : à six heures devait se faire le premier pas de la révolution.

Rosetti devait accompagner deux amis qui partaient pour soulever le pays. La patrie l’appelait. Il était retenu par les cris de sa femme. Non moins inquiète du retard, elle voulait puissamment qu’il fût libre. Il le fut. L’enfant était né ! « Dieu merci ! Embrasse-le, et pars ! » telles furent ses premières paroles ; elle sourit de bonheur, quoique le premier baiser qu’elle reçut comme mère fût un baiser d’adieu.

Fixée au lit, dans ce moment de trouble, immobile et ne pouvant rien, elle souffrait beaucoup et se taisait. Elle n’était pas seule, et ne pouvait pas même suivre son mari en esprit. Sa chambre était