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et que l’histoire est un fleuve qui s’en va identique, roulant les mêmes eaux, doivent réfléchir ici et voir que très souvent un siècle est opposé au siècle précédent, et lui donne parfois un âpre démenti. Autant le dix-huitième siècle, à la mort de Louis XIV, s’avança légèrement sur l’aile de l’idée et de l’activité individuelle, autant notre siècle par ses grandes machines (l’usine et la caserne), attelant les masses à l’aveugle, a progressé dans la fatalité.

Notez qu’à ces grands faits d’en bas répond par en haut très fidèlement une petite sonnette. C’est la philosophie, qui dit parfaitement les mêmes choses. Au fatalisme de 1815 et d’Hegel succède le fatalisme médical, physiologique, de Virchow, Robin et Littré.

Moi, je m’en tiens ici à la grosse machine. Et si je parle ici du fatalisme d’idées, ce sera par occasion, et seulement quand j’y serai traîné par le progrès des sciences naturelles (comme par Lamarck en ce volume).

En général, cette histoire, fort matérielle, pourrait se dire toute en trois mots : Socialisme, Militarisme et Industrialisme.

Trois choses qui s’engendrent et s’entre-détruisent l’une l’autre.

La terreur de Babeuf fit Bonaparte autant que ses victoires, c’est-à-dire que le Socialisme naissant, par sa panique, a fait le triomphe du Militarisme.

Celui-ci, que rencontra-t-il dans sa grande lutte ?