général : la création de l’empire le plus grand qu’ait vu le soleil, l’empire anglais, dix fois plus étendu que ceux de Bonaparte et d’Alexandre-le-Grand.
Jamais la mort n’a eu de tels triomphes sur le globe. Car si Napoléon en dix ans seulement (1804-1814) a, d’après ses propres chiffres, tué dix-sept cent mille Français et sans doute autant d’Allemands, Russes, etc., l’Angleterre, dans un procès célèbre, accusa un de ses gouverneurs d’avoir tué par la famine, en un an, des millions d’Indiens. Par ce seul fait, on juge ce que put être en cent années la tyrannie coloniale exercée sans contrôle dans l’inconnu, sur deux cents millions d’hommes.
Mais si les forces destructives ont eu de tels succès, les forces créatrices n’étonnent pas moins par leurs miracles. Et cela si récent ! Je crois rêver quand je songe que ces choses incroyables se sont faites dans une vie d’homme. Je suis né en 98. C’est le temps où M. Watt, ayant fait depuis longtemps sa découverte, la mit en œuvre dans sa manufacture (Watt et Bolton), produisant sans mesure ses ouvriers de fer, de cuivre, par lesquels l’Angleterre eut bientôt la force de quatre cents millions d’hommes. Ce prodigieux inonde anglais, né avec moi, a décliné. Et ce siècle terrible appliquant à la guerre son génie machiniste a fait hier la victoire de la Prusse.
Ceux qui croient que le passé contient l’avenir,