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attendaient les Vendéens d’heure en heure, prit encore l’initiative, mais celle-ci effroyable, de mettre à mort les prisonniers, et, par ce coup de terreur, de s’emparer vraiment de Nantes, de vaincre la force d’inertie du commerce et des Girondins, de sorte que cette ville énorme, si riche en dessous, s’ouvrît, livrât ses ressources et, se donnant tout entière, devînt une machine de guerre pour arrêter l’ennemi.

Le tribunal révolutionnaire, présidé par un avocat, Phelippes Tronjolly, d’opinion très douteuse et prodigieusement craintif des futures réactions, ne voulait agir que sur pièces ; il exigeait des témoins. Nul témoin n’eût osé venir, étant parfaitement sûr d’être assassiné au retour. Restaient les commissions militaires, et rien n’empêchait d’y avoir recours dans l’état de siège où était la ville. Les décrets de mars et d’août étaient très précis. On pouvait les appliquer. Dix fois, vingt fois, à la tribune, on les avait commentés, et de la manière la plus rigoureuse. Le sens n’en était pas douteux.

Dès le mois de mai, l’encombrement des prisons avait été épouvantable ; une épidémie commençait (Registres du département). Tout le remède que les Girondins avaient imaginé, c’était, de temps à autre, d’élargir au hasard les prisonniers, qui se moquaient d’eux, passaient l’eau et joignaient Charette. Cette méthode de donner des soldats à l’ennemi ne pouvait guère être suivie au moment où la grosse armée vendéenne était près de tomber sur Nantes.

On prit le moyen opposé à celui des Girondins :