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C’est précisément le moment où Carrier arrivait à Nantes. Tête faible, autant que furieuse, incapable de faire face à une telle situation (22 octobre 1793).

Carrier, vers la fin de septembre, y fut envoyé par le Comité de salut public. La descente anglaise paraissait probable. Nantes était devenue un centre d’inertie, malveillante, que Phelippeaux n’avait pu vaincre. Carrier le remplaça. On le choisit comme honnête homme d’une probité auvergnate (il venait de signaler le voleur Perrin), et dans la réalité il sortit pauvre de Nantes. Il avait juste à sa mort ce qu’il eut en 1789, un petit bien de dix mille francs. Il n’était point robespierriste, mais ami des extrémités, ami de Billaud-Varennes et nullement


    dans la critique inutile de ces déplorables livres. Savary donne les vraies dates et un nombre immense de pièces ; les notes de Canclaux, de Kléber et d’Obenheim y ajoutent un prix inestimable.

    L’Histoire de Nantes, de Mellinet, m’avait donné quelque espoir ; l’auteur avait à sa disposition les riches dépôts de cette ville ; il en a bien mal profité. 11 adopte, par complaisance pour la bourgeoisie girondine, toutes les rancunes de ce parti, suit servilement toutes les traditions hostiles à la Montagne. Rien de plus confus que son récit de l’époque de Carrier ; il copie, sans choix, sans dates, tous les on dit du procès, les erreurs même qui ont été prouvées telles avant le jugement (des cavaliers, par exemple, qui s’étaient rendus et qu’on avait fusillés, et qu’on retrouva vivants) — Le livre estimable de M. Guépin, très abrégé, n’a pu corriger Mellinet. — Il m’a donc fallu marcher seul, préparer un travail immense, que les proportions resserrées d’une histoire générale, comme est celle-ci, ne me permettent pas d’insérer. À peine en donné-je quelques résultats. Les actes imprimés, inédits, en ont été la base, avec un nombre considérable de pièces du temps qu’ont mises à ma disposition M. Dugast-Matifeux (j’ai dit combien je lui devais) ; M. Guéraud-Francheteau, jeune et savant libraire, très spécial pour l’histoire des Marches ; M. Chevas enfin, auteur de plusieurs ouvrages estimés, spécialement de la Police municipale de Nantes, lui-même vivantes archives d.3 la Loire-Inférieure, prodigieusement érudit dans toutes les histoires de communes et de familles. Les nuances d’opinions qui pouvaient me séparer de ces savants n’ont nullement diminué leur infatigable obligeance.