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président Herman, ami trop discret pour l’inquiéter sur le mode de frapper l’intrigant, le traître, dont la disparition lui était si nécessaire.

Quoi qu’il en soit, il était à craindre que la Convention revenue de sa stupeur, la droite même et le centre, honteux de livrer la Montagne, n’appuyassent guère Robespierre dans cette terrible affaire de Fabre. Le Comité de salut public, une partie même du Comité de sûreté, ne l’y soutenaient nullement. C’est ce qui explique l’intime alliance et le très parfait concours des robespierristes et des hébertistes, vers la fin de janvier.

Un coup ayant été frappé sur les indulgents (12 janvier) par l’arrestation de Fabre, ils en frappèrent un sur les enragés par le procès de Jacques Roux (16 janvier). Fabre était accusé de faux, Roux fut accusé de vol. Hébert était cruellement jaloux de Roux, de Varlet, de Leclerc, obscurs tribuns des quartiers industriels, qui, quels que fussent ses efforts, occupaient toujours l’avant-garde. Roux, puissant aux Gravilliers, leur signalait le Père Duchesne comme un tartufe, un muscadin et un modéré. Robespierre même en avait peur, et c’est ce qui plus qu’aucune chose le condamna à l’alliance hébertiste, qui fut sa fatalité. Pourquoi avait-il peur de Roux, d’une influence qui semblait confinée dans un quartier de Paris ? C’est qu’il en voyait (dans Leclerc, de Lyon) les rapports avec les amis de Chalier, en deux mots le germe obscur d’une révolution inconnue dont la révéla-