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CHAPITRE IV

PREUVES DE L’INNOCENCE DE FABRE D’ÉGLANTINE (JANVIER 1794).


Dépendance et terreur du Comité de sûreté. — Présidence de David. — On empêche d’entendre Fabre. — Qui a rédigé le compte rendu du procès ? — On refusa de vérifier les écritures. — Le faux n’est pas de l’écriture de Fabre. — Découverte tardive du faux. — Le faux n’eût servi à rien. — Qui a pu inventer cette machination ? — Ligue des hébertistes et des robespierristes. — Mort de Jacques Roux, — Robespierre justifie les hébertistes.

Avant de juger l’accusé, essayons de juger les juges. Quel était le Comité de sûreté ? Rappelons-nous son origine. Il avait été renouvelé le 26 septembre, le lendemain du triomphe de Robespierre, sur une liste présentée par lui. Il le composa généralement d’hommes compromis par leurs précédents et leur donna à tous un très rude surveillant, le peintre David. Ex-peintre du roi, modéré encore au 10 août 1792, David avait d’un bond sauté au sommet de la Montagne. Il expiait, en se faisant l’œil et le bras de Robespierre, le piqueur du Comité, en terrorisant ses collègues, qu’il traitait comme des nègres.

Un fait montrera combien ce redoutable Comité était lui-même courbé sous la terreur. La Vicomterie,