Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion, reprenant toute l’histoire du girondinisme. À quoi Fabre ne tint plus et, perdant patience, se leva pour s’en aller. Mais, à ce moment, Robespierre, fixant sur l’homme à la lorgnette ses lunettes et son regard fauve, le pria d’attendre. Il reprit avec fureur sur les intrigants, les serpents qu’il s’agissait d’écraser (Applaudissements unanimes) : « Parlons de la conjuration, et non plus d’individus… » Et au moment même : « Je demande que cet homme qu’on ne voit qu’avec une lorgnette et qui sait si bien exposer des intrigues au théâtre veuille bien s’expliquer ici… Nous verrons comment il sortira de celle-ci… »

Fabre dit froidement qu’il répondrait quand on préciserait les accusations, que du reste on avait tort de croire qu’il influençait Desmoulins, Bourdon ou Phelippeaux.

Une voix : « À la guillotine ! » Robespierre demanda qu’on chassât l’interrupteur. Cependant, qu’avait fait ce trop zélé robespierriste ? Dire contre Fabre ce qu’avait dit contre Desmoulins Nicolas, l’homme de Robespierre.

Celui-ci put voir le 10 combien il avait peu satisfait les Jacobins par une agression si vague. Aux premiers mots qu’il prononça, une voix s’écria : « Dictateur ! » La société refusa de rayer Bourdon (de l’Oise) et rapporta la radiation de Desmoulins.

À ces échecs manifestes, à cet éloignement visible de l’opinion, on répondit par un coup de terreur. Dans la nuit du 12 au 13, le Comité de sûreté fit arrêter Fabre d’Églantine.