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même où leurs sbires avaient arrêté, insulté des députés, au grand émoi de la Convention, si bien que Couthon et Lebon, deux hommes de Robespierre, avaient parlé eux-mêmes dans le sens de Fabre. Fort de tout ceci, il s’alarma peu, et, sachant que Robespierre devait commencer contre lui l’attaque aux Jacobins, le 8 au soir, il alla s’asseoir en face de lui, avec sa lorgnette de spectacle qu’il portait toujours, et vint observer par où allait s’avancer l’ennemi.

Robespierre, selon sa coutume, fit parade d’un grand équilibre, disant qu’il était impartial entre Desmoulins et Hébert, parla de deux factions, des ultra et citra-révolutionnaires, dit que l’étranger agissait par toutes deux à la fois, que des meneurs adroits faisaient mouvoir la machine et se tenaient dans les coulisses, que c’était toujours la Gironde, la même action théâtrale, seulement d’autres acteurs sous des masques différents. Ces métaphores accumulées désignaient assez Fabre d’Églantine, acteur et auteur dramatique.

Enfin ces masques, ces acteurs, ces machinistes, où voulaient-ils en venir ?… Conclusion inattendue : à dissoudre la Convention !

Ceci ne rimait plus à rien ; on se regardait, on se demandait ce qu’il voulait dire. C’était justement pour maintenir et faire respecter la Convention que Fabre, appuyé ce jour-là des robespierristes mêmes, avait obtenu l’arrestation d’Hébert et Vincent.

Il tourna, tourna toujours dans cette vaine alléga-