Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les contradictions quasi fatales de son rôle.

Sa fatalité principale avait été sa triste connivence pour les hébertistes, tout-puissants par la presse, en août et septembre. Leur ami pour la Vendée, il fut leur ennemi pour Lyon en octobre. Modéré ici, exagéré là, il eut dans Phelippeaux et Dubois-Crancé ses deux Euménides.

Ce n’était pas Fabre qui avait fait cette situation.

C’est lui qui la voyait le mieux, la formulait, la démontrait, en faisait jaillir le comique. Il en marquait, en artiste, d’une plaisanterie douce et fine qui semblait n’y pas toucher, le terrible crescendo. Robespierre, fuyant son adorateur, poursuivi par Desmoulins qui dénonçait sa bonté à l’admiration du monde, allait se jeter d’effroi dans les bras de ses ennemis, Gollot, Hébert et Ronsin. Son malheur d’avoir défendu le Ronsin de la Vendée le poussait fatalement à défendre aussi le Ronsin de Lyon, à endosser les mitraillades. C’est ce qu’il fît en effet le 29 janvier.

Fabre commentait, critiquait. Agissait-il ?

Robespierre assure que c’est Fabre, qui, par le fougueux Bourdon, lui aurait porté ce coup de Jarnac, de faire ôter au Comité la facilité de puiser à même aux caisses de la trésorerie. Ce qui n’est pas moins vraisemblable, c’est que le même Fabre fit faire à Robespierre, par l’innocent Desmoulins, deux malices signalées : l’une, de signaler à toute la terre les Mémoires de Phelippeaux qui seraient