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reste. Au défaut de Robespierre, qui ne voulait rien signer, l’ordre était signé d’Henriot[1].

Il était trop tard. Avant que la ruse pût avoir quelque succès, le coup décisif fut frappé.

Quoique la foule se fût retirée de la Commune, les corridors cependant, les escaliers, restaient garnis des meilleurs hommes de Robespierre, de ses fidèles, de ceux qui étaient venus pour mourir avec lui. La plupart n’étaient pas armés ; fanatiques obstinés, ils se croyaient suffisamment couverts, défendus de l’idée qu’ils avaient au cœur, d’être les amis de Maximilien.

Merda, avec trois ou quatre gendarmes, se hasarda dans l’escalier. Les autres montaient lentement, criant : « Vive Robespierre ! » Lui, jeune et svelte, sans arme apparente qu’un sabre (il avait ses pistolets dans sa chemise), se fit jour plus aisément : « Qui es-tu ? — Ordonnance secrète. » — Avec ce mot il avançait. Il passa la salle du conseil, entra dans un corridor, mais plein d’hommes qui refusaient le passage, l’assommaient de coups ; il recevait et passait.

Dans son récit naïf et très croyable, une chose embarrasse seulement. Parmi cette confusion d’hommes, nullement bienveillants, et qui n’avaient garde de lui montrer le chemin, comment marcha-t-il si droit et sans s’égarer ? Quelqu’un plus habile, qui connaissait les lieux, l’homme de Tallien sans doute,

  1. Ce fait nous est révélé par le procès-verbal de la section des Gardes-Françaises (Oratoire). Archives de la Préfecture de police.