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La foi au prêtre revint, le lendemain de Voltaire ! Ce prêtre nia la nature, en fît une, de sa parole. Et celle-ci fut crue contre l’autre.

Par quels miracles d’adresse, dans une situation si changeante, se maintenait l’immobilité fictive du thaumaturge ? C’était, pour l’observateur, le plus étonnant des spectacles. Le contraste de ces revirements agiles, au nom de principes immuables, faisait du personnage le plus sérieux de l’époque le sujet comique entre tous, d’un comique si terrible et si imprévu qu’aucun des maîtres, ni Aristophane, ni Rabelais, ni Molière, ni Shakespeare, n’eût pu soupçonner une telle conception.

Mais qui avait le sang-froid, en un tel péril, d’observer ce terrible acteur, dont le pénétrant regard pouvait être mortel à l’observateur, et qui ne craignait rien tant que d’être sérieusement regardé ?

C’est ici l’audace de Pline, qui, pour observer, avança au bord même du cratère et se tint payé de la vie, s’il était bien sûr d’avoir vu.

Un homme observait Robespierre, grand artiste, amant de l’art et surtout des arts d’intrigue. C’était le premier auteur dramatique du temps, Fabre d’Églantine. « Sa tête, disait Danton, est un vaste imbroglio. » Imbroglio pour les autres, mais clair pour le grand dramaturge, qui se plaisait à voir les fils s’embrouiller pour se débrouiller.

Robespierre et sa manœuvre étaient l’objet permanent sur lequel sa lorgnette de théâtre (qui ne le quittait jamais) était constamment braquée.