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de croire que les uns ou les autres le ressusciteraient en une nuit.

Les chefs le sentaient. Ils semblaient n’avoir à offrir aux leurs que des encouragements à la patience.

À dix heures, Collot disait, dans le fauteuil de la Convention : « Sachons mourir à notre poste. »

Et plus tard, Robespierre disait à Couthon, arrivé à la Commune : a Sachons supporter notre sort. »

D’où venait cet isolement ? De la lassitude sans doute, de l’ennui universel, de la cherté des vivres. La moisson était admirable, mais elle était encore sur pied. La Commune, large et généreuse pour les indigents, n’en avait pas moins mécontenté les masses, en déclarant que la question des subsistances ne la regardait plus, tandis que l’ancienne Commune en avait toujours fait sa principale affaire. Les nouvelles autorités avaient encore ce défaut : elles attristaient Paris. Elles venaient de défendre les petits jeux de place, les bateleurs, chanteurs, banquistes, etc. Elles avaient blâmé, empêché les repas publics dans les rues, le mélange des riches et des pauvres.

Enfin, et c’était le plus grand grief, le 5 thermidor, la Commune avait fait dans les quarante-huit sections par quarante-huit de ses membres la proclamation, peu agréable, du maximum qui limitait le salaire des ouvriers[1].

  1. Archives de la préfecture de la Seine, registres du Conseil général, thermidor.