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durait encore… Une main lui eût été tendue du sein de la Montagne que la Plaine en eût pâli, que la droite eût reculé ; la déroute se fût mise parmi ses lâches ennemis.

Robespierre, sous ce jugement terrible, hélas ! mérité, se retourna en fureur vers la droite : « Vous, hommes purs ! c’est à vous que je m’adresse, et non aux brigands !… » Il leur redemandait la vie, qu’ils lui devaient, qu’il leur avait sauvée… Il n’en tira rien qu’outrage, des cris, des risées, la mort.

Alors, hors de lui et montrant le poing au président Collot d’Herbois : « Pour la dernière fois, président d’assassins, je te demande la parole !… »

Qui lui répondit ? La voix de Danton, je veux dire de Thuriot, qui avait pris le fauteuil à la place de Collot d’Herbois.

On se souvient que Thuriot, depuis le procès de Danton, devenu tout à coup muet, « malade de la poitrine », avait paru aussi mort que les morts du 5 avril. Il recouvra en ce jour une voix terrible et tonnante, comme celle du Jugement

    douteuse. Son intime ami Soubrany, qui ne fut qu’une même âme avec lui et mourut avec lui, juge Robespierre avec une extrême sévérité (j’ai sous les yeux ses lettres que m’a communiquées M. Doniol, écrivain distingué de Clermont). — Grande gloire pour l’Auvergne d’avoir produit avec Desaix, le plus pur de l’armée, les purs de la Convention, je veux dire ceux qui, en faisant des choses héroïques, évitèrent jusqu’au soupçon d’ambition : Romme, Soubrany, le vainqueur des Espagnols, J.-B. Lacoste, le vainqueur du Rhin.

    On a vu comment le parti robespierriste avait essayé de taire et d’étouffer les succès de Lacoste et Baudot, au profit de Saint-Just.