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discours à la Convention sont violemment oratoires et tyranniquement éloquents, autant dans cette œuvre dernière il montre d’adresse et de ruse. Un autre discours qui manque à ses œuvres, mais qui a été publié (Revue rétrospective, 2e série, IV, 425), étonne par l’étendue des connaissances, la netteté, la précision, l’admirable sens pratique, le nerf du vrai homme d’État.

Le fond du discours écrit pour le 9 thermidor est une récrimination très habile qui écarte de Robespierre le reproche de dictature. C’est Carnot, c’est Billaud-Varennes et Collot qui ont profité de l’absence de Robespierre, de Saint-Just, de Saint-André et autres membres du Comité pour prendre un pouvoir dictatorial.

C’est une chose incroyable combien ce violent génie a pu prendre sur lui pour changer de forme et de ton, mettre la sourdine à sa voix. Avec une connaissance merveilleuse de la nature, qu’on a rarement à cet âge, il calme la foule en faisant une part à la malignité, en se donnant à lui-même (si sérieux !) un léger ridicule, réduisant la grande question à une lutte d’amour-propre entre lui et Carnot, faisant le jeune homme irrité de ce qu’on lui disputait sa bataille de Fleurus : « On a parlé de la bataille ; d’autres qui n’ont rien dit y étaient ; on a parlé du siège ; d’autres qui n’en ont rien dit étaient dans la tranchée. Ceux qui gagnent les batailles, ce sont ceux qui y sont. » De même sur Robespierre. Un tyran de l’opinion ! un dictateur