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CHAPITRE V

LA JOURNÉE DU 9 THERMIDOR (28 JUILLET 1794).


Discours habile de Saint-Just. — Tallien interrompt Saint-Just. — Maladresse des accusateurs. — On étouffe la voix de Robespierre. — Barère essaye de sauver Robespierre. — Neutralité de la Montagne indépendante. — Robespierre s’adresse à la droite. — On demande son arrestation. — Il est arrêté. — Le peuple veut empêcher l’exécution du jour.


Robespierre, dans cette assurance, ayant conscience et de l’immense force morale qui restait encore en lui et des forces matérielles dont il lui était si facile d’entourer la Convention, sentit pourtant le matin du 9 que ce jour était décisif. Il était habillé avec un soin remarquable et portait l’habit bleu de ciel, si connu depuis la fête de l’Être suprême. Ses ennemis ont prétendu bassement (d’après eux-mêmes, d’après ce que sans doute ils auraient fait en ce cas), qu’il avait emporté des armes, de l’argent, beaucoup d’argent[1]. Mais en avait-il chez

  1. C’est le témoignage de Mme Lebas (Mlle Duplay). On ne trouva chez Robespierre qu’un assignat de 50 livres et des mandats de l’Assemblée constituante pour son indemnité quotidienne de député, qu’il avait négligé de toucher. La vente de son mobilier, faite le 15 pluviôse (3 février), produisit