Cependant la lettre de Lecointre ayant enfin pénétré leur apprenait que, pendant qu’ils perdaient ainsi le temps, Henriot avait dès le soir fait appel aux armes. Ils résolurent, non d’arrêter la Commune, ni Henriot, mais de les mander. Henriot ne daigna venir. Mais Payan vint hardiment, comme Pétion au 10 août ; il se tira d’affaire plus facilement encore, près des rois de la Terreur, indécis comme Louis XVI.
Les Comités ne faisaient rien, ayant laissé échapper un si précieux otage, révélé leur paralysie, Saint-Just plia son rapport, prit son chapeau et partit. Il était cinq heures du matin.
Barère voyait tout échapper ; il commença à prendre peur. Il se refît robespierriste, s’approcha amicalement de Couthon : « Si l’on t’attaque, dit-il, ne crains rien ; je te défendrai. »
La Montagne était perdue si elle ne se sauvait elle-même. Elle n’avait pas grand’chose à attendre des Comités.
Mais l’instinct de conservation, la ferme volonté de vivre sont des passions trop clairvoyantes pour qu’on les aveugle aisément. Les plus menacés firent eux-mêmes la grande affaire du lendemain. Dure besogne. Il leur fallait s’adresser, à qui ? Aux restes de ceux qu’ils avaient proscrits, aux hommes que sans Robespierre peut-être ils auraient proscrits encore, qu’ils conspuaient, humiliaient, forçaient à l’hypocrisie. Ils vinrent à eux cependant, il le fallait bien, leur demander de perdre leur protecteur pour