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Régime. Les anciens constitutionnels, amis de la monarchie, n’étaient pas loin de se résigner à celle de leur ancien collègue. Non seulement ils l’acceptaient comme fait accompli, mais l’entouraient de respect, d’assentiments empressés, de flatteries même. Un mois avant Thermidor, Boissy d’Anglas l’appelait l’Orphée de la France[1].

En ce dernier vote pourtant, la droite, le centre, avaient flotté, jugeant pour Robespierre d’abord ; puis, sans juger contre lui, sans renvoyer l’examen de son discours aux Comités, comme le voulaient ses ennemis, ils avaient ajourné le tout, révoqué l’envoi aux départements.

Grands signes d’indécision !

Contre ce sinistre augure, Robespierre se rassurait en songeant que si ses amis étaient froids et vacillants, ses ennemis étaient divisés, aussi près de s’attaquer entre eux que de l’attaquer lui-même. On l’a vu par l’intempestive sortie de Fréron, qui déjà, se détournant de Robespierre, faisait la guerre aux Comités. Il était facile à prévoir que les Comités, avertis ainsi que leur chute suivrait la sienne, agiraient bien peu contre lui. Et c’est ce qui arriva. Après l’avoir poussé si vivement les jours précédents, les Comités, comme on va voir, croisèrent les bras au 9 thermidor, tellement qu’on les accusa d’être d’accord avec lui.

  1. Essai sur les fêtes nationales, par M. Boissy d’Anglas, 12 messidor, p. 22, 25, 67. Cette brochure d’un homme estimé dut faire croire à Robespierre qu’il était complètement accepté de la droite.