Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans ce long, très long discours, il revient trois fois à la charge, trois fois très habilement.

D’abord il touche la matière en général, en parle comme de chose ancienne, pour préparer les esprits. « Des projets de finances destructeurs menaçaient toutes les fortunes modiques et portaient le désespoir », etc. « Les payements des créanciers de l’État étaient suspendus. »

Puis il en parle clairement, mais sous prétexte de se justifier lui-même : « On a proposé dans ces derniers temps des projets de finances qui m’ont paru calculés pour désoler les citoyens peu fortunés et multiplier les mécontents. J’avais appelé inutilement l’attention du Comité de salut public. Croira-t-on qu’on a répandu que ces plans étaient mon ouvrage ? »

Plus loin encore : « La trésorerie seconde parfaitement ces vues par le plan qu’elle a adopté (sous le prétexte d’un attachement scrupuleux aux formes) de ne payer personne excepté les aristocrates, de vexer les citoyens malaisés par des refus, des retards, des provocations odieuses. »

« Quels sont les administrateurs suprêmes de nos finances ? Les compagnons et successeurs de Chabot, de Fabre, des brissotins, des feuillants, des aristocrates et des fripons connus, les Cambon, les Mallarmé, les Ramel. »

Tout le monde se regarda. L’étonnement fut au comble. Dans un discours si général, si vague partout ailleurs, où il ne donnait aucun nom, lancer tout