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vement. Le jour où la prise d’Anvers le relevait tant, il fallait ajourner encore.

Mais celui qui était nommé, celui sur qui le discours tombait d’aplomb avec raideur, ce n’était point un des ennemis positifs de Robespierre ; c’était l’homme qu’un hasard mettait en péril ce jour-là, qui se trouvait entamé, et dont on pouvait espérer emporter la perte par une attaque résolue.

Il faut savoir qu’à ce moment Cambon était entouré d’un orage épouvantable, une insurrection de rentiers.

La trésorerie était littéralement assiégée par d’énormes légions de vieillards, d’infirmés, pauvres diables d’invalides, toussant, souffreteux, cacochymes, plusieurs demi-paralytiques qui venaient se traîner là. Cambon les avait soumis à une opération sévère y mais enfin indispensable dans la détresse publique. Il conserva les rentes viagères modiques, en les proportionnant à l’âge. L’homme de quarante à cinquante ans conserverait entière une rente de quinze cents à deux mille francs ; de cinquante à soixante ans, une rente de trois mille à quatre mille, et ainsi de suite. Pour ce qui dépassait ceci, la rente, de viagère, devenait perpétuelle et par conséquent bien faible. Évidemment les intérêts des petits rentiers, des vieillards, avaient été sauvegardés autant qu’on pouvait. Tous cependant devaient apporter leurs titres, les voir brûler, remplacer par une inscription du Grand-Livre. Cela les épouvantait. En voyant passer dans les flammes ces sales et vieux papiers