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tions y enterrèrent. Mais les guillotinés étaient mis encore à la Madeleine. Hébert et Clootz furent les derniers qu’on y enterra le 24.

Le 25, comme on a vu, l’accusateur public avertit l’exécuteur que désormais les corps iraient à Monceaux. Danton, Desmoulins, Lucile, Chaumette, ont inauguré ce cimetière.

L’autorité n’ignorait pas l’amour et le fanatisme qui s’attachaient à ces noms. Elle fit pendant quelque temps un mystère des inhumations de Monceaux. Les suppliciés étaient d’abord déposés à la Madeleine, et c’était quelques jours après qu’on les portait à Monceaux, sans doute pendant la nuit. Les voisins n’en savaient rien ; ils croyaient qu’on les enterrait au haut de la rue Pigalle (alors le cimetière Roch) ; ils s’en plaignaient même et soutenaient que ces corps des suppliciés produiraient une épidémie.

Lorsqu’on sut positivement leur inhumation à Monceaux, ce furent d’autres plaintes. La naissante commune des Batignolles, si aérée, si clairsemée, au vent du nord, dans la plaine de Clichy, ne pouvait plus, disait-elle, supporter l’odeur des cadavres. En réalité, ce petit angle, détaché du parc de Monceaux (dix-neuf toises en tout sur vingt-neuf), se comblait et regorgeait. Quatre immenses sections de Paris venaient y enterrer leurs morts (sept mille en moins de trois ans). Les guillotinés comptaient pour bien peu dans ces nombres énormes. Ils y vinrent pendant dix semaines (du 25 mars au 10 juin), et du jour qu’ils n’y vinrent plus, les plaintes ces-