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étaient là, des plus assidus, c’est-à-dire le plus souvent des travailleurs du Comité, de ceux mêmes qui, absorbés entièrement dans leurs fonctions, étaient le plus étrangers aux idées de proscription.

Etrange, injuste arrangement qui répartissait la responsabilité exactement en sens inverse de la raison et de la justice !

La spécialité était tellement établie au Comité que personne n’eût discuté les choses étrangères à sa sphère. On signait les yeux fermés.

Qui eût dû signer ? Evidemment les trois membres qui eurent successivement la surveillance du bureau de police d’Herman : Saint-Just, Robespierre, Couthon.

Robespierre restait chez lui. Saint-Just était à l’armée. Couthon était seul, et encore assez peu exact, par suite de ses infirmités. Les œuvres de leur Herman durent être constamment endossées par d’autres.

Cette situation étrange était-elle supportée patiemment ? Non. Le seul qui osât se plaindre, c’était le seul qui fût sûr de n’être point accusé d’indulgence, Billaud-Varennes. Nous le savons d’un témoin qu’on ne peut guère récuser, de Saint-Just lui-même. Il dit dans son dernier discours : « Billaud assiste à toutes les séances sans parler, à moins que ce ne soit contre Paris, contre le tribunal révolutionnaire. »