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s’y assirent, et il y eut vraiment un moment de fraternité sincère. Les riches, en un temps pareil, étaient trop heureux qu’on voulût bien d’eux. Ils savaient gré aux sans-culottes de leur cordialité : ceux-ci, simples et confiants, acceptaient de tout leur cœur les politesses des riches. S’ils les avaient vus égoïstes, ils ne s’en souvenaient plus. Le spectacle fut admirable, très attendrissant. Hélas ! cela dura un seul jour. La situation réelle, qui n’en subsistait pas moins en dessous, rendait de tels rapprochements au moins bien précoces. La sévérité était nécessaire encore, la justice, et elle eût été difficile dans ces effusions fraternelles.

Ce fut cependant une chose fort impopulaire et triste, très mal vue des pauvres autant que des riches, quand le lendemain la Commune, par l’organe de Payan, flétrit ces repas, les découragea, les déclara suspects. Barère suivit docilement cette impulsion et répéta le discours de Payan à l’Assemblée, ravi d’appuyer tout ce qui pouvait faire haïr les robespierristes.

Ceux-ci s’enfonçaient eux-mêmes, entrant jusqu’au cou dans le sang. Le Luxembourg rendant peu, Herman cherchait à la Force, aux Carmes, à Lazare. Les listes, dressées par les moutons de ces prisons, de concert avec les administrateurs de police qui y résidaient, passaient au bureau d’Herman, qui les faisait signer au Comité de salut public.

Signer de qui ? Apparemment des membres qui