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mal ces aveux, croyant que Collot allait être attaqué par Robespierre. La réconciliation entre eux n’éclata que le 23.

Ce jour, Collot, aux Jacobins, donna toute carrière à son éloquence mélodramatique ; il fut terrible, écrasant de mise en scène. Il amena Gaillard même, tout mort qu’il était, fit apparaître son ombre, la fit parler, hurla, pleura. Robespierre fut trop heureux de trouver une diversion, de lever un autre gibier, de tourner la meute contre Phelippeaux. Il avait amené avec lui un dogue, docile et furieux, Levasseur, qui, le 18, s’était aventuré à demander l’amnistie, et qui, comme le chien qui s’est trompé à la chasse, ne demandait qu’à réparer l’erreur en mordant quelques morceaux dans la chair de Phelippeaux. Danton essaya d’adoucir, mais Robespierre, prenant la parole avec la placide autorité d’un moraliste, demanda à Phelippeaux si, dans son âme et conscience, il était bien sûr de n’avoir pas été entraîné par la passion, par le patriotisme même. Un autre casuiste, Couthon, lui fît la même question. Enfin on ne demandait qu’à innocenter Phelippeaux, étouffer l’affaire. Il répondit qu’il ne pouvait composer, qu’il y avait en trahison de la République.

« Nommons une commission », dit Couthon (pour gagner du temps). Elle fut nommée, ne fit rien ; le tout fut escamoté par une farce de Collot d’Herbois.

Robespierre, pour sa sûreté, rentra donc dans la terreur. — Il fit à la Convention un discours sur