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Il allait passer à Fouché, mais la société était si morne, elle paraissait si froide, que Robespierre jeune ne put s’empêcher de lui reprocher son silence et sa torpeur. Couthon arriva à temps pour réchauffer la séance, disant très habilement pour Robespierre ce qu’il n’avait dit nullement : « Qu’il ne savait comment faire ; que, modéré pour les uns, exagéré pour les autres, il réunissait sur lui les poignards ; mais que lui, Couthon, demandait à partager tous ses dangers… — Et moi ! et nous ! » ce fut le cri universel dans la salle ; car ils aimaient Robespierre, quelle que fût leur inquiétude sur la voie où il les précipitait.

La société, il faut le dire, était surmenée par lui ; elle pliait sous le faix de ses exigences. Elle l’avait porté longtemps, comme son fidèle coursier, à travers la Révolution ; mais il la menait par de tels chemins, sur le bord de tels précipices, qu’elle n’allait plus si bien et, sans regimber, hésitait.

    nale n’a pas été exercée à Lyon avec le degré de force qu’exigent les intérêts d’un grand peuple, que la commission temporaire (de Collot d’Herbois et Fouché) déploya d’abord de l’énergie, mais bientôt céda à la faiblesse humaine qui se lasse, etc. La persécution fut établie contre les patriotes. Puis il rappelle qu’il a défendu ces patriotes. Et le rédacteur du journal étendant complaisamment la pensée de Robespierre : « Les principes de l’orateur sont d’arrêter l’effusion du sang versé par le crime. » Ce qui précède explique parfaitement que Robespierre parle spécialement de Lyon, des ultra-terroristes de Lyon qu’il protégeait contre Fouché, de ceux qui ne se contentaient pas des seize cent quatre-vingt-deux exécutions faites sous Collot d’Herbois et Fouché.

    C’est la tête de ces patriotes que Robespierre prétend avoir sauvée des persécutions de Fouché et qu’il veut protéger encore. Telle est si bien sa pensée qu’il invoque à l’appui le souvenir de Gaillard, le plus violent des ultra-terroristes de Lyon.