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lui et pour tous les chefs de la Révolution, c’est que la contre-révolution était incorrigible, et qu’il eût été à souhaiter que, par un cataclysme naturel, toutes les prisons de France s’abîmassent en une fois. Ce miracle ne se faisant pas, comment y suppléerait-on ? Ce n’était pas l’affaire des rois de la France, mais celle de leur police. Ils se gardaient de s’informer du mode de l’exécution. Tous les rois ont fait de même. Qui d’entre eux pourrait dormir, s’ils savaient ce qu’on fait pour eux ? Cette ignorance, plus ou moins volontaire, est pour eux une grâce d’état. Si l’on excepte le bigot François II d’Autriche, qui lui-même et personnellement administrait le Spielberg, s’inquiétant de savoir si, pour le salut de leur âme, les prisonniers souffraient suffisamment, les souverains ignorent ces choses. Robespierre ne les aura sues qu’en gros et pour les résultats. Dès longtemps, il gouvernait en réalité, et déjà il avait pu acquérir une âme de roi.

Les robespierristes, liés à sa destinée, devant régner avec lui, tomber avec lui, étaient trop intéressés à agir pour lui. Quel était son vrai danger, depuis l’affaire des Saint-Amaranthe et celle de la Mère de Dieu ? Être accusé d’indulgence, de connivence secrète avec la contre-révolution.

Ils entreprirent de le laver, en faisant par sa police une razzia dans les prisons, en lançant une masse d’accusés aux tribunaux et renvoyant à la police du Comité de sûreté le reproche d’indulgence.

Le 3 messidor (24 juin), Herman adressa un rap-