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que Robespierre devait cesser de nager entre les philosophes et les gallicans, laisser ceux-ci qui le compromettaient et se placer franchement où il était fort, sur le terrain de la Révolution.

Il ne pouvait tout à la fois invectiver contre les prêtres à la fête de l’Etre suprême, et s’en aller par-devant eux, comme parrain d’un enfant.

Le sens de la lettre, en réalité, était celui-ci : « On ne peut être à droite et à gauche ; décidez-vous, soyez net et planez sur les partis. »

Malheureusement Payan, homme très emporté du Midi, obscurcissait son propre conseil, si lumineux en lui-même, en imposant à son maître, non seulement de dominer les partis, mais de les anéantir.

On n’anéantit jamais tout. Mais, en mettant cette affiche, on peut donner aux ennemis l’audace du désespoir, unir contre soi les hommes les plus hostiles entre eux et former de sa main même les coalitions invincibles auxquelles on succombera.

Robespierre, pour être franc, que devait-il faire ? Préciser nettement son procès et le limiter, nommer par leurs noms Tallien et cinq ou six voleurs, au plus, accuser hardiment, frapper… Et rassurer tout le reste, couvrir la Convention et tout le passé de 1793 d’une trop légitime amnistie.

Le salut pour lui n’était pas à gauche ; encore moins était-il à droite. Mais il était au-dessus.

Ni dans l’atrocité ni dans l’indulgence ; point dans la bassesse du juste milieu sans foi, point dans l’ignoble bascule. Non, plus haut que tout cela,