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les prisons, faisaient des millions d’ennemis au gouvernement, la République périssait.

Ils s’arrêtèrent à une mesure sage, ferme et très hardie.

La responsabilité terrible de cette chose si dangereuse (ouvrir et fermer les prisons), ils la demandaient pour eux-mêmes. Ils demandaient que, sans confier l’examen préalable à des commissaires inconnus, tels que les voulait Robespierre, les membres des comités, chacun à son tour, fussent chargés d’examiner les réclamations. Point d’examen anonyme. Si on les constituait juges d’une affaire si délicate, ils voulaient la prendre eux-mêmes sans passer par l’obscure filière des agents robespierristes, la juger sous le soleil.

La seconde réforme proposée eût été celle-ci : séparer les accusés des suspects, créer pour ces derniers des maisons de suspicion. Dans un temps où la prison était si près de l’échafaud, il était horriblement injuste et dangereux de laisser pêle-mêle ensemble, par exemple, les herbagers de la Normandie, pauvres diables de suspects à qui on ne reprochait rien, avec un M. Rimbaut qui avait livré Toulon.

Dans cette grande et décisive circonstance où était la destinée de la Révolution, au moment où ses collègues proposaient une réforme peu différente de la sienne, Robespierre, chose inattendue ! s’isola, se sépara d’eux pour se rattacher à son ennemi, Gollot d’Herbois, laissant dans la stupeur et le plus grand