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perdirent pas une heure pour fouiller sous sa cuirasse, s’il n’y avait pas quelque jour pour lui plonger le poignard.

Robespierre, politiquement accepté et désiré, n’était pas aisément prenable.

Mais, moralement peut-être, s’il offrait la moindre prise, on pouvait espérer le perdre.

La grande joie de nos pères, l’éternel sujet des anciens noëls, des vieux fabliaux, c’est le prêtre convaincu d’être homme, le saint pris en flagrant délit. Tartufe est le sujet chéri dont la France s’est toujours égayée, bien avant Molière.

Surprendre ce personnage blême en quelque chose d’humain, quelque chose qui ressemblât au bonheur, au plaisir, c’eût été un coup vainqueur ! Il ne donnait pas grande prise. Épuisé de plus en plus, maigri, le sang altéré, il marchait deux heures par jour, d’un pas rapide et sauvage. Que fallait-il à un tel homme ? Il était tellement attentif à ne pas toucher d’argent que, la pension faite à sa sœur, le reste au linge, sans doute au vêtement, et des sols donnés aux petits Savoyards, il n’avait exactement rien. Il ne pouvait payer Duplay. Il lui devait quatre mille francs au 9 thermidor.

Où allait-il ? À Monceaux, parfois aux Champs-Elysées, seulement pour les deux heures de marche qui lui étaient nécessaires. On entrait —il ? Parfois chez quelques artisans, pour se populariser, chez des menuisiers de préférence, en souvenir de l’Émile.

On le voyait entrer parfois chez une marchande