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de Carnot, décidèrent le Comité à user de modération. En pratique, la modération devient faiblesse et relâchement. Bô et Bourbotte, successeurs de Carrier à Nantes, hébertistes comme lui, n’en furent pas moins entraînés par cette invincible réaction. Ils arrivèrent au moment où l’on venait d’exécuter, aux applaudissements de la ville, Lamberty, l’agent de Carrier. Eux-mêmes firent condamner à mort les dénonciateurs d’un officier qui n’avaient pu donner de preuves (28 mai). Peu de semaines après, effrayés des meurtres nocturnes que commettaient les chouans et de l’audace des réactionnaires, ils eurent de nouveau recours aux mesures de terreur.

Dans le Midi, les royalistes se chargèrent de démontrer combien peu l’on pouvait s’en écarter. Ils commencèrent, dès mai 1794, les assassinats de la Terreur blanche dans les environs d’Avignon. Le centre de leurs complots, la petite ville de Bédouin, fut dénoncé par un militaire très peu terroriste, Suchet (depuis maréchal). Le Comité de salut public ordonna de la brûler. Le représentant Maignet, robespierriste d’idée, sans rapport personnel avec Robespierre, réclama la création d’un tribunal spécial pour le Midi. Représentant du Puy-de-Dôme, collègue de Couthon, de Romme et de Soubrany, Maignet était un homme très honnête, incapable de composer avec le crime et la trahison. Il avait saisi Rovère et Jourdan dans leurs opérations honteuses, Rovère, par exemple, pour quatre-vingt mille francs (assignats), se faisant donner