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Mais ce qui n’était pas convenu, c’est que Barère, dans son rapport, insérerait tout au long les articles de journaux étrangers où l’on parlait de Robespierre comme s’il eût été déjà roi : Robespierre a fait ordonner… Quatre cents soldats de Robespierre ont été tués… Les troupes de Robespierre se sont emparées de telle place », etc.

Il ne s’attendait point du tout à cette lecture. Le noble et touchant discours qu’il avait préparé (sur ce texte : « J’ai assez vécu. » ) n’y avait aucun rapport. Jamais il ne s’éleva plus haut, jamais ne fut plus sincèrement applaudi, et de ses ennemis mêmes. Cependant il ne répondait point du tout aux dangereuses citations de Barère, ne repoussait point cette royauté que lui donnait l’ennemi. Loin de là, il avertissait la Convention des alternatives fâcheuses auxquelles le gouvernement parlementaire expose les nations : « Si la France était gouvernée quelques mois par une législature corrompue ou égarée, la liberté serait perdue. » Quelle conclusion à en tirer ? Qu’un gouvernement individuel donne plus de garanties qu’un gouvernement républicain ?

Ce grand discours de Barère, passionné pour Robespierre, et tout préoccupé de sa sûreté, énonçait et publiait les deux formules fatales que personne n’eût osé dire et qui le poussaient à la mort.

Les soldats de Robespierre. — Ainsi, aux yeux de l’Europe, l’armée et la France lui appartenaient.

Et dans l’interrogatoire de la petite Renaud, que