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Le 23 mai, un homme tira sur Collot d’Herbois, le manqua, et déclara qu’il n’avait visé Collot qu’après avoir souvent et en vain guetté Robespierre.

Ce bruit, répandu dans Paris et remuant fort les esprits, produisit, comme il arrive, un acte d’imitation. Une petite fille royaliste, Cécile Renaud, fille d’un papetier de la Cité, fut prise chez Robespierre, munie de deux petits couteaux.

Le même jour (24 mai, 5 prairial), des députés, déplorant sans doute que la fille n’eût pas réussi, commencèrent à se demander s’il n’y avait nul moyen d’atteindre le dictateur. C’étaient Lécointre, Laurent, Courtois, Barras et Fréron, Thirion, Garnier (de l’Aube), Guffroy, tous dantonistes, unis dans leur haine et leur souvenir. Tallien et Rovère en étaient, par leur danger personnel, leur crainte des justices de Robespierre.

Voilà le germe de Thermidor, le premier commencement du complot contre le complot.

Robespierre fut-il averti ? Eut-il la seconde vue d’un homme en péril ? ou simplement l’impression de la petite fille Renaud ? Le soir du 24 mai, il écrivit de sa main, au nom du Comité de salut public, à l’armée du Nord. Il écrivit qu’on craignait un complot des aristocrates et des hébertistes. Il savait probablement l’union des dantonistes et voulait donner le change. Il fit signer la lettre de Prieur, Carnot, Billaud et Barère. Cette lettre priait Saint-Just de revenir pour quelques jours à Paris.

Le même soir, aux Jacobins, immense attendris-