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encouragé à Lyon quatre patriotes à venir prier à Taris pour leur ville infortunée. Gens illettrés, ils s’adressèrent à un jeune royaliste qui leur écrivit leur adresse, très adroite et très touchante. Ce jeune homme était Fontanes, l’homme le plus prudent qui ait vécu en nos jours. Osa-t-il tenir la plume, dans une affaire si dangereuse, sans être bien sûr que ces hommes fussent appuyés de Couthon (c’est-à-dire de Robespierre) ? Nous ne le croirons jamais.

La Convention donna un signe non équivoque de son impression favorable sur l’adresse lyonnaise en prenant pour président Couthon, celui qu’on accusait d’avoir été à Lyon trop modéré, trop humain.

Le même jour (20 décembre), où cette adresse fut accueillie de l’Assemblée, Robespierre se déclara. Les femmes des prisonniers, de nouveau, en foule immense, étaient venues à la barre ; tout le monde était ému. Robespierre fut très habile. Il les reçut au plus mal, les gronda, les accusa, disant même « qu’apparemment c’était l’aristocratie qui avait poussé cette foule ». Mais quand il eut suffisamment parlé « contre le perfide modérantisme », aux applaudissements de la Convention, il proposa précisément ce que demandaient ces femmes : « Que les deux comités nommassent des commissaires pour rechercher les patriotes qui auraient pu être incarcérés, et que les comités pourraient élargir. »

Le mot fut ainsi lancé. La chose votée d’enthou-