Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

immuable de sévérité. Il croyait pouvoir relever l’autel sans briser l’échafaud. Devant Billaud, devant Gollot, à la Convention et aux Jacobins, il se flattait de raser, sans y tomber jamais, le marais du modérantisme où s’était engouffré Danton.

Chose infiniment difficile, où le sens moral n’était guère moins forcé que dans le projet de Saint-Just. L’homme, par la logique du cœur, croit invinciblement que le créateur de la vie en est le conservateur, et que Dieu signifie clémence.

Les comités, quoiqu’ils devinassent bien que Robespierre ne pouvait se tenir sur cette pente, et que peut-être, un matin, il ferait sa paix avec l’opinion en les sacrifiant eux-mêmes, n’hésitèrent pas à préférer sa ligne et à combattre Saint-Just. Ils entrevoyaient en celui-ci quelque chose de plus terrible encore, une tyrannie fanatique, redoutable par la bonne foi et par l’intrépidité. Ils l’arrêtèrent au premier mot, forts de l’appui de Robespierre.

Tout d’abord, unanimement (sauf Billaud peut-être), ils effacèrent le mot prêtres[1] du décret proposé. Les nobles seuls furent atteints.

Saint-Just aurait voulu le bannissement absolu des étrangers. On se borna à ceci : « Les nobles et les étrangers n’habiteront ni Paris ni les places frontières. »

Et encore on ajouta cette restriction qui pouvait annuler tout : « Le Comité est autorisé à mettre en

  1. C’est dans les papiers de Robert Lindet que je trouve cette proscription des prêtres, par Saint-Just.