coup de joyeux seigneurs. La guerre, la chasse, le duel, trois manières de verser le sang, et sans préjudice de l’assassinat. Lisez aux Mémoires de Fléchier les plaisanteries un peu fortes de la noblesse d’Auvergne, un homme entre autres qu’on s’amuse à murer, pour le faire mourir de faim.
Le grand Condé avait dit à je ne sais quel carnage : « Bah ! ce n’est qu’une nuit de Paris ! » Les Condé, chasseurs sauvages, trop faits à la vue du sang dans ces immenses tueries qu’on appelait grandes chasses, vivaient volontiers dans les forêts, avec mille caprices étranges. Le fils du grand Condé se croyait souvent chien de chasse et, comme tel, aboyait des heures. Son petit-fils (voir Saint-Simon) fut un nain fantasque et féroce. Ces princes, éloignés des armées par la défiance des rois, étaient soufferts comme rois, dans la liberté sauvage de leurs plus damnables fantaisies. L’un d’eux, Charolais, pour se distraire, assassinait de temps à autre. La tyrannie illimitée de ces grandes maisons sur leurs domestiques et vassaux durait en plein dix-huitième siècle. « Ces gens-là vivent de nous, disaient-ils ; qu’importe s’ils meurent par nous ? »
Ce 1793 obscur des bons temps de la monarchie, très soigneusement obscurci par la connivence des rois, qui sauvaient l’honneur des familles, gêné par le progrès de l’ordre, était en revanche animé, irrité par les résistances croissantes de la dignité humaine. L’outrage était plus savoureux ne tom-