Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sive, et toute en pays ennemi. Vous l’avez prêchée défensive. Je l’ai voulue sociale ; vous l’avez faite politique. Vous déclariez aux Jacobins que la République française ne se mêlait point des autres peuples. Moi, je lançais la croisade, attribuant à la guerre les biens nationaux des peuples affranchis. Enfin je sonnais le tocsin et vous y mettiez la sourdine. .. Les rois, aujourd’hui rassurés, vous font des avances ; c’est bien. Ils voient que décidément vous n’avez pas remué en Europe la question capitale, celle des biens nationaux. La Révolution française restera chose isolée, et la France en payera les frais.

« Qu’ai-je fait, dans cette misère ? Une grande chose : j’ai sauvé l’honneur. La République française, dans sa plus terrible crise, août 1793, devant les banqueroutes des rois, a recueilli, accepté, consacré dans son Grand-Livre tous les engagements du passé. Si elle n’a pu payer le fonds, elle a garanti la rente, s’obligeant à payer toujours pour des fautes qui ne furent pas siennes, expiant l’injure du passé qu’elle pouvait repousser et bâtissant l’avenir sur cette libre et généreuse expiation.

Du reste, qu’ai-je pu, malheureux, en face des plus terribles exigences dont l’histoire ait parlé jamais ? Impossible d’emprunter, impossible d’imposer. On feignait de croire que le but de la Révolution était de ne rien payer. Nous avions beau rappeler la suppression des dîmes, des aides, des corvées, des gabelles ; toutes choses déjà oubliées. Mais on soupirait toujours sur la contribution mobilière ; on