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mesure dont l’utilité serait contestable, ce qui eut lieu en Thermidor.

Quant à Cambon, c’est l’homme que Robespierre et Saint-Just ont haï le plus.

Plus que Danton, plus que Vergniaud. Ceux-ci furent des individualités, mais Cambon fut un système. Ils le haïrent, non d’une haine éphémère et personnelle, mais d’une haine intrinsèque, inhérente au fonds même de leurs systèmes et de leurs idées.

Le premier discours de Saint-Just a été dirigé contre Cambon. Le dernier discours de Robespierre finira contre Cambon.

L’intelligent et perfide baron de Batz, habile agent royaliste, avait deviné la seule chance par où peut-être il eût pu entrer en rapport avec Robespierre (Déposition de Chabot). C’était de lui adresser des plans de finances propres à faire sauter Cambon.

L’antipathie des deux grands utopistes de la Révolution contre son grand homme d’affaires était tout à fait conforme au sentiment de leur parti et du peuple en général. La tyrannie de l’assignat, l’effrayante augmentation du papier, la disparition du numéraire, la déperdition si rapide des ressources de l’État, que sais-je ? le maximum, la famine… tout cela s’appelait Cambon.

« Qui seul a fait tout le mal de la Révolution ? Qui fut son mauvais génie, si ce n’est cet homme ?… Un homme ? non, un gouffre où la France s’est abîmée !

« Qu’a-t-il fait de nos espérances ? Où est cette superbe dépouille des biens ecclésiastiques ? Quatre