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Baudot et Lacoste, parfaitement étrangers à la guerre, y furent admirables. Ils s’y mirent, non pas en représentants, mais en intrépides soldats, durs, sobres, couchant sous la neige des Vosges. Puis, par un ferme bon sens qui touche au génie, ils laissèrent là la routine terroriste de mener les généraux sous le bâton et le couteau, en les faisant tous les jours accuser et dénoncer. Ils eurent foi à la nature, foi à la République, ne crurent pas qu’aucun homme pût jamais rivaliser contre la Patrie. Ils comprirent qu’il n’y avait à attendre nulle victoire sans unité, et que l’unité militaire, c’était celle de l’âme et du corps, du général et du soldat. Et, pour général, ils prirent le plus aimé, le plus aimable, le plus riche des dons du ciel, un homme en qui était le charme de la France, l’image de la victoire.

L’armée fut enthousiaste de lui avant qu’il eût rien fait. Un officier écrivait : « J’ai vu le nouveau général. Son regard est celui de l’aigle, fier et vaste. Il est fort comme le peuple, jeune comme la Révolution. »

Hoche avait les Prussiens en tête, et Pichegru les Autrichiens. Hoche devait percer les lignes des Vosges, débloquer Landau, opérer sa jonction avec Pichegru. L’armée de Moselle, qui avait le plus à faire, avait été jusque-là une armée sacrifiée ; on l’avait souvent affaiblie au profit de celle du Nord, et récemment au profit de celle du Rhin, qui en tira six bataillons. Elle était bien plus affaiblie encore par sa longue inaction, par son mélange